20 décembre 2021

Les voix de mūsae sur la santé mentale

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Cet article est une invitation à faire le bilan calmement sur la saison une et à rappeler le point de vue de mūsae sur la santé mentale. Depuis que j’ai quitté mon précédent job chez VICE, il s’en est passé des choses. La création de mūsae et le lancement ont été denses. On est monté très haut sur l’échelle de Richter du roller-coaster émotionnel. Bien sûr je ne suis pas la seule dans ce cas. Comme je vous le confiais ici il y a quelques semaines créer son entreprise en temps de COVID c’est un marathon pour la santé mentale des entrepreneur·se·s.

With the millions of different signals that society and social networks send us about how we’re supposed to feel, it’s not surprising that this topic is starting to come out of the shadows. I’m sure that mental well-being will be as important as physical fitness over the next decade. 

Hannah Bronfman
DJ, autrice et fondatrice de HBFIT

 

PARLER SANTÉ MENTALE À LA COOL ET DE FAÇON ACCESSIBLE

Alors pourquoi la santé mentale est encore trop souvent un gros mot ? Car il y a le mot santé. Et qui dit santé, dit bonne ou mauvaise santé. Bon ou mauvais fonctionnement, sans nuances entre les deux. Et si tout simplement pour dédramatiser la santé mentale, on changeait l’étiquette collée dessus ?

C’est la proposition de l’hypnothérapeute Laure Elisabeth Roussel : “prendre soin de sa santé mentale, c’est comme prendre soin du système d’exploitation de son téléphone. Quand on achète un téléphone, il est livré avec un logiciel d’exploitation qui fonctionne parfaitement. Mais avec le temps, à force de télécharger des applications, il n’y a plus d’espace, ça bug. Il faut alors faire de la place. Le cerveau humain fonctionne de la même manière. C’est une super machine qui a besoin d’être mise à jour régulièrement ».

Ok cool mais ça ne suffit pas pour lever complètement les tabous autour de la santé mentale. Le problème avec certaines approches autour du bien-être, c’est qu’elles sont empruntées d’injonctions anxiogènes et excluantes à base de miracle morning, de sauve toi la vie suivra ou encore du fameux lâcher prise.

Ce joli mantra est contradictoire “Il ne faut pas lâcher-prise si tu veux savoir lâcher-prise” livrait la sémiologue Mariette Darrigrand lors de notre live avec la philosophe Marie Robert de Philosophy is Sexy Et là ça devient vraiment compliqué voire culpabilisant cette histoire. Et si je n’y arrive pas, qui suis-je? Celleux qui ne parviennent pas à avoir un mental d’acier sont alors “labellisés” comme étant des “fous”, des “idiots” ou des “faibles” À force de trop normer on finit par exclure d’après le philosophe Michel Foucault.

Marie Robert préfère alors plutôt que le lâcher-prise, la notion de laisser venir. 

C’est le philosophe Paul Ricoeur qui a formalisé cette notion. Dans le « laisser venir », il s’agit de développer un contexte rassurant au sein duquel nous sommes à l’aise pour être qui nous sommes et traverser les épreuves. ⁠ Cet écosystème, c’est celui de nos besoins, de nos règles, de nos rituels, de nos proches, de nos soutiens, de nos béquilles sociales. Nous n’évoluons pas solo dans notre bocal. Tu es bien avec toi-même car tu es bien dans le collectif. On est loin de l’approche néolibérale qui a été prônée dans le développement personnel des années 2000-2010.

Apprendre à lâcher prise face à une page blanche, c’est flippant en réalité. Mais apprendre à laisser venir dans un environnement qui nous rassure c’est plus cool (et efficace).

Crédit photo : Mathis Dumas

Nous sommes des êtres qui évoluent dans un écosystème mouvant et VIVANT. C’est aussi l’approche de la championne du monde de snowboard freeride Marion Haerty avec qui j’ai eu la chance de m’entretenir. Ce Vivant c’est aussi la nature. Elle regorge de bienfaits uniques pour notre santé mentaleElle apaise, nous permet de faire le tri et nous redonne confiance.

 

LA SANTÉ MENTALE EST UN ENJEU CITOYEN ET DURABLE

Nous avons tendance à coller des étiquettes sur la santé mentale car elle est souvent accompagnée d’un certain nombre de normes qui peuvent être excluantes socialement. Si tu ne rentres pas dans la bonne case, tu risques de troubler le standard bien nommé. Cela saute aux yeux dans le milieu éducatif.

1 chance sur 6.

C’est la probabilité qu’un·e élève défavorisé·e fréquente le même lycée qu’un·e élève favorisé·e.
Source, étude PISA 2018

C’est tout l’enjeu auquel cherche à répondre Banlieues School, l’association qui propose des programmes de mentoring spécialisés. L’association combat les inégalités scolaires grâce aux neurosciences et à la psychologie positive,Mona Hamirouche et Sadio Konaté recréent du lienentre les élèves et les professeurs en questionnant les normes établies et en cherchant à prendre en compte les prismes de lecture de chacun·e·s.

Alors si finalement prendre soin de la santé mentale, c’était un enjeu citoyen!Et guess what? C’est déjà le 3ème objectif parmi les17 Objectifs Développement Durable de l’ONU.

La santé mentale est un enjeu citoyen car elle fait davantage souffrir les groupes de population dits fragiles : les personnes isolées, celles en situation de fragilité sociale, celles avec peu de revenus, les jeunes, les femmes et toutes les minorités.

À ce titre, clairement, le peuple afghan connaît après 40 ans de guerre incessante des traumas mentaux très profonds. Presque toutes les familles afghanes ont perdu un proche dans des conditions horribles entraînant de violents PTSD (Post Traumatic Stress Disorder). Et la reprise récente du pays par les talibans ne va pas arranger la situation. Évidemment, il est trop tôt pour avoir des chiffres, mais des reportages comme ceux de VICE News commencent à mettre le doigt dessus.  Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, vous pouvez lire mon article sur les Pays Arabes, la zone géographique qui souffre le plus de problèmes de santé mentale.

DES CADEAUX EUH NON DES TIPS POUR NOËL 

L’image de la famille parfaite autour d’une table avec de la nourriture parfaite n’existe pas plus que les corps parfaits qu’on nous vend dans les magazines. Alors lorsqu’on est seul·e ou qu’on appréhende la réunion avec sa famille, cette période peut être difficile à vivre. Pourtant la pression à vivre un événement digne des meilleurs films de Noël est partout. Même la recherche de cadeaux est une source de stress pour beaucoup.

Les retrouvailles avec sa famille peuvent être un moment redouté : le fait d’être remis dans une position d’enfant, les débats houleux, la pression sur le célibat ne sont pas agréables à vivre même si quasi-universels.

Et sur les réseaux sociaux la compétition de qui passe le meilleur Noël sévit via les stories ce qui peut accentuer cette sensation de mal-être.

Ok alors tentons de profiter de l’attente entre les plats pour ralentir le rythme et nous recentrer sur nous et le moment présent.

Et surtout :

  • ll n’y a également aucune honte à être seul·e en cette saison. Peut-être même que c’est exactement ce dont vous avez envie et besoin.
  • Si au contraire vous souhaitez être entouré·e vous pouvez vous rapprocher d’une association pour participer à un réveillon solidaire. Les personnes les plus touchées par la solitude sont les personnes âgées de 75 ans et plus, ce qui a été accentué par l’épisode Covid. Si vous voulez les soutenir, devenez bénévole de l’association Les Petits Frères des Pauvres.
  • Si vous avez besoin de parler pour quelque raison que ce soit vous pouvez appeler SOS Amitié.

 

Selon mūsae prendre soin de la santé mentale c’est 
#1 Permettre à chacun·e de se réaliser
#2 Tisser à nouveau le lien social
#3 Promettre un avenir plus durable

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