La fin de l’année est marquée par une multitude d’injonctions : faire des cadeaux (il faut qu’ils soient supers), participer aux repas de famille (et être agréable), préparer à manger pour tout le monde (et surtout que ça plaise à tout le monde). Tant de tâches qui sont toxiques pour notre santé mentale. Mais alors comment profiter des fêtes de fin d’année sans qu’elles soient un poids pour notre sérénité psychique ? Comment remettre au centre le don, sans qu’il soit à nos dépens ?
MILLE ET UNE FAÇONS DE FÊTER NOËL (OU PAS)
Les fêtes peuvent être un moment très attendu et agréable pour certain·es et pour d’autres l’équivalent de leur enfer sur terre. Quand on pense à Noël, nous avons souvent en tête des images de grandes tablées réunies autour d’un bon repas. Pourtant il existe bien d’autres manières de célébrer. Certain·es partageront un repas entre ami·es faute de pouvoir rentrer chez elleux ou encore parce qu’iels ne veulent pas rejoindre leur famille. D’autres préféreront que cette période passe le plus vite possible tant iels détestent cette fête ou alors parce qu’iels s’en foutent.
Lors des périodes des fêtes on peut aussi faire d’autres choses que fêter Noël et se regrouper avec ses proches autrement : célébrer entre ami·es qui peuvent être votre famille choisie ou même avec des associations. On peut aussi choisir de limiter le temps passé avec sa famille s’il s’agit de la seule solution pour préserver sa santé mentale. Ce qui est certain est que ces quelques jours sont propices au regroupement et aussi à l’introspection avec le Nouvel An qui arrive.
SHARING IS CARING, VRAIMENT ?
D’ailleurs, plusieurs traditions de Noël dans d’autres pays consistent à interroger l’avenir. En République tchèque, la tradition pour les femmes est de s’asseoir dos à sa porte d’entrée et de jeter une chaussure par-dessus son épaule. Si la chaussure tombe en faisant face à la porte, elle organisera un mariage dans les douze prochains mois. En Slovaquie, la personne la plus âgée de la tablée jette du pudding sur le plafond, plus il reste collé, plus les invités du repas auront de la chance dans l’année.
« Sharing is caring » est un adage appris aux enfants dans les pays anglo-saxons. Il signifie que pour prendre soin des autres, il faut partager ses biens matériels mais pas que, aussi son temps et son attention. S’il est censé leur apprendre à partager, il peut parfois s’apparenter à un acte sacrificiel suivant les moyens dont nous disposons. La période des fêtes de fin d’année peut être éprouvante pour beaucoup d’entre nous.
La pression liée aux repas de famille n’est qu’une infime partie de ces enjeux. Pour certain·es, c’est aussi un moment où l’on se rend compte des personnes qui ne sont plus là et cette absence peut provoquer des émotions fortes et douloureuses. Pour d’autres revenir au domicile familial, ou a minima passer beaucoup de temps avec sa famille, peut être désagréable car on est ramené à notre place d’enfant et pas d’adulte. On peut se retrouver en incapacité de se faire entendre sur nos propres valeurs, nos choix de vie qui seront invalidés.
DES ASTUCES POUR GÉRER CETTE PÉRIODE
Pour toutes ces raisons, et sûrement d’autres, vous n’êtes peut-être pas en capacité de donner et c’est ok. Il faut soi-même avoir les ressources nécessaires afin de s’investir pour les autres, pas seulement matériellement mais surtout émotionnellement. Parfois, nous avons besoin des autres. Si vous sentez que vous n’allez pas bien en ce moment, dites-le aux personnes qui vous entourent et à qui vous faites confiance.
Voici nos quelques astuces pour réussir à gérer cette période :
- Si vous êtes seul·e, regardez vos films préférés ou encore allez faire un tour dans votre ville ou quartier pour voir les décorations de Noël.
- Ne vous engagez pas dans une conversation, politique ou personnelle, si vous sentez qu’elle sera anxiogène pour vous et que vous êtes en capacité de le faire.
- La fin de l’année peut aussi être source d’actions et de sentiments positifs notamment grâce à des actes de générosité, que l’on donne ou que l’on reçoive.
- Les banques alimentaires et autres associations organisent le plus souvent leurs plus grosses campagnes de dons sur le mois de décembre. Par exemple, chaque année le Secours Populaire lance l’opération des “Pères Noël verts” pour permettre aux personnes précaires et isolées de célébrer les fêtes. Si elles invitent à donner, de la nourriture ou de l’argent, pour leur permettre d’aider les plus précaires, certaines personnes décident de s’engager bénévolement dans ces campagnes comme par exemple en emballant des cadeaux pour les Restos du cœur à l’entrée des magasins de jouets.
- Lorsqu’on vous demande de justifier votre pensée et point de vue, poser des questions en effet miroir pour essayer d’engager une discussion et de ne pas être coincé·e dans une conversation qui n’a pas pour objectif l’échange. C’est ce que conseillait Tad Madesta dans le guide de survie aux fêtes de famille des Couilles sur la table.
- Si vous avez des remarques sur votre corps, votre alimentation ou encore votre situation amoureuse et familiale, Laure Elisabeth Roussel a une astuce pour vous. Faites une liste des dix remarques les plus désagréables que vous pourriez recevoir. Si vous en entendez plus de cinq, faites-vous un cadeau !
- Les conversations sur votre situation amoureuse avec toutes ces injonctions au couple, aux enfants et au mariage sont difficiles à gérer. Pour mieux les appréhender, Claudia Colombani du Self Love Project, conseille de penser à toutes les autres personnes qui vivent la même situation et se demander dans quelle mesure ces remarques reflètent les propres insécurités de nos interlocuteur·ices.
- Prendre du temps pour vous, même si ce n’est que cinq minutes dans une pièce isolée pendant un repas de fête.
- Si les cadeaux vous angoissent, demandez-vous quels sont vos moyens et à combien de personnes vous voulez en faire. Mais aussi, sur ce que ça représente pour soi d’en faire et de pouvoir défendre son point de vue. Ainsi, vous évitez d’avoir peur des remarques que vous pouvez avoir.