8 juillet 2021

La force du collectif pour préserver sa santé mentale

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La santé mentale pour mūsae relève tout autant de l’individu que du collectif. C’est pourquoi elle fait partie des 17 Objectifs Développement Durable de l’ONU. Car notre bien-être permet de participer au bien commun et inversement le fait d’être inscrit dans un collectif nous fait du bien. C’est un dialogue permanent.
Dans la précédente newsletter on parlait du diagnostic qu’on fait de la santé mentale par le prisme de la psyché, du Mens du « Traité des Passions » de Descartes ou encore de la vision politique de Michel Foucault.
Dans cet article, j’ai envie de vous parler de guérison grâce au collectif.

Découvrez le précédent article ici

 

GUÉRIR ENSEMBLE

En anglais on parle de healing lorsqu’on parle de soigner ses blessures. Healing signifie guérir. En français plutôt que celui de guérison, on préfère le terme de convalescence, né et très utilisé en Ancien-Français à partir du Moyen-Age.

 

La guérison passe à travers le fait de se (re)donner de la valeur, de l’estime de soi (valere). Et comment fait-on ? Grâce au collectif, c’est le “cum” (ou le « con » de convalescere) qui y fait référence. Pour remettre notre corps sur pied, il faut la bonne collaboration de tous nos organes.
Et d’un point de vue psychique, la convalescence passe par le collectif, par le soutien des autres. Comment ne pas être effrayé seul·e face au monde. C’est par exemple cette peur vertigineuse qu’on peut avoir lors des phases de confinement, solo chez soi face à notre quotidien et à la planète qui est en crise. Le collaboratif joue un rôle clé dans notre convalescence à tou·te·s.

 

Paul Ricoeur. Philosophe français. 1913 – 2005.

 

UNE VISION HOLISTIQUE DE LA SANTÉ MENTALE

Lâcher-prise,  laisser glisser, let go… Qui n’a jamais entendu ces mantras ? Sauf qu’à énoncer cela de manière autoritaire, ce fameux lâcher- prise devient une injonction contradictoire : il ne faut pas lâcher-prise si tu veux lâcher-prise. En effet, c’est compliqué là cette histoire. Il faudrait ne jamais lâcher l’affaire et tout ça en toute détente ? Vraiment ?
Mais être dans ce contrôle permanent peut devenir anxiogène. Et la spontanéité dans tout ça ? Et la liberté ? Et si on échoue à lâcher prise, cela fait-il de nous des personnes faiblardes ? Ce type d’injonction peut vite devenir culpabilisante.
On revient à cette notion d’écosystème dont on parlait plus haut. On a le droit d’avoir besoin de béquilles pour nous accompagner dans la vie. Et ces béquilles souvent, ce sont les Autres. Franchement, ça n’allait pas mieux le 19 mai 2021 au soir quand vous avez pu boire à nouveau un verre en terrasse avec vos potes ?

Marie Robert, philosophe, préfère alors plutôt que le lâcher-prise, la notion de laisser-venir. C’est le philosophe Paul Ricoeur qui l’a formalisée. Elle nous invite à nous interroger sur le cadre qui nous sécurise pour lâcher-prise. C’est celui de nos besoins, de nos règles, de nos rituels qui nous permettent d’être serein·e·s.
Apprendre à lâcher-prise face à une page blanche, c’est flippant. Mais apprendre à laisser-venir dans un environnement qui nous rassure, c’est plus cool. Dans le laisser-venir, nous développons un écosystème rassurant au sein duquel nous nous sentons à l’aise pour nous sentir libres et laisser venir. Nous sommes des êtres qui évoluons dans une société, dans un collectif, dans un environnement VIVANT (y compris avec la nature). Aborder les choses de manière holistique, dans leur globalité, c’est toujours plus efficace à mon sens.

 

LE BESOIN DE RECONNAISSANCE

Cette approche de la santé mentale nous permet aussi de sortir de l’ornière super auto-centrée sur soi qui peut être véhiculée par certains courants du développement personnel : “aime-toi toi-même et tu seras capable d’aimer les autres”. Sauf que dans l’humanité, dès la naissance, nous avons besoin de l’Autre, de nos parents.
Ces discours mécaniques empruntés au management individualiste façon « business school » font de nous des “Narcisses au pied d’argile” comme le dirait Mariette Darrigrand. On ne parle de soi qu’en termes de CV et de “skills”. L’être humain ne peut pas se fortifier sans son quantum d’amour.

Pour conclure sur une note étymologique, vous savez comment on dit, je t’aime en catalan ?  On dit “te estimo”. Je t’estime. Bien sûr, il s’agit d’amour, mais il s’agit aussi de reconnaissance. Et c’est un élément essentiel pour nous tout·te·s : la reconnaissance affective, de notre identité, de nos droits.

 

LES RECO MŪSAE

Adieu ma honte

Ouissem Belgacem, ancien footballeur professionnel,  livre un témoignange poignant sur la reconnaissance compliquée de sa propre identité au sein d’un milieu encore très fermé sur ce sujet. Il devient le premier joueur français de foot à témoigner de son homosexualité.

The Ben Raemers Foundation

C’est une association créée par un collectif de skaters suite au suicide de Ben Raemers, jeune skater pro anglais. Elle a pour mission de lever les tabous sur la vulnérabiltié, la santé mentale et de prévenir les comportements suicidaire des hommes dans la communauté skate.

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