Hello, je suis contente de vous retrouver aujourd’hui. Ça fait longtemps. Et oui, chez mūsae en ce moment, Christelle vous le disait ici, on ralentit le rythme pour mieux vous retrouver.
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir l’interview du romancier, Louis Vendel, auteur de « Solal ou la chute des corps » . Ce roman sorti le 5 janvier 2024 en France, poignant et authentique, relate l’histoire de Solal, un ami de l’écrivain, souffrant de bipolarité. Ce récit plonge le·a lecteur·ice dans les méandres de cette condition mentale, de l’introduction du personnage de Solal jusqu’à sa chute physique. L’histoire se poursuit avec la renaissance de celui-ci et ses premières années d’un voyage autour du monde à pied. À travers ces pages, nous découvrons la beauté fragile d’un être en proie à des hauts et des bas intenses, mais qui demeure étrangement similaire à chacun de nous. La santé mentale s’inscrit dans cet ouvrage, car celui-ci observe la thématique de la bipolarité avec une lentille narrative, mettant en lumière les expériences et les émotions du personnage principal confronté à ce trouble. Surtout, « Solal ou la chute des corps » permet d’ouvrir la voie aux récits collectifs et accessibles sur la santé mentale, qui sont généralement habitués aux écrits techniques et médicaux.
Pour aller plus loin, je vous invite à écouter notre podcast enregistré en public chez Créatis avec Louis Vendel, Sylvain Pinot, auteur du podcast « La Perche » de la Maison Perchée ainsi que Solal, le protagoniste du roman qui nous a fait le plaisir d’être dans le public ce jour-là, ajoutant à la profondeur de notre discussion.
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Hello, je suis contente de vous retrouver aujourd’hui. Ça fait longtemps. Et oui, chez mūsae en ce moment, Christelle vous le disait ici, on ralentit le rythme pour mieux vous retrouver.
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir l’interview du romancier, Louis Vendel, auteur de « Solal ou la chute des corps » . Ce roman sorti le 5 janvier 2024 en France, poignant et authentique, relate l’histoire de Solal, un ami de l’écrivain, souffrant de bipolarité. Ce récit plonge le·a lecteur·ice dans les méandres de cette condition mentale, de l’introduction du personnage de Solal jusqu’à sa chute physique. L’histoire se poursuit avec la renaissance de celui-ci et ses premières années d’un voyage autour du monde à pied. À travers ces pages, nous découvrons la beauté fragile d’un être en proie à des hauts et des bas intenses, mais qui demeure étrangement similaire à chacun de nous. La santé mentale s’inscrit dans cet ouvrage, car celui-ci observe la thématique de la bipolarité avec une lentille narrative, mettant en lumière les expériences et les émotions du personnage principal confronté à ce trouble. Surtout, « Solal ou la chute des corps » permet d’ouvrir la voie aux récits collectifs et accessibles sur la santé mentale, qui sont généralement habitués aux écrits techniques et médicaux.
Pour aller plus loin, je vous invite à écouter notre podcast enregistré en public chez Créatis avec Louis Vendel, Sylvain Pinot, auteur du podcast « La Perche » de la Maison Perchée ainsi que Solal, le protagoniste du roman qui nous a fait le plaisir d’être dans le public ce jour-là, ajoutant à la profondeur de notre discussion.
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POURQUOI AVEZ-VOUS EU ENVIE D’ÉCRIRE CE PREMIER ROMAN AU SUJET DE SOLAL ?
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C’est quelque chose qui m’est venu spontanément, une nuit où je me suis réveillé à 3h30. Je lui ai envoyé un message en lui demandant : « Est-ce que je peux écrire sur toi ? » Ce n’est pas le fruit d’une réflexion, c’est une sorte d’épiphanie qui est venue de manière un peu mystérieuse. Mais ça reste quelque chose que je peux expliquer après coup. Solal est un bon ami depuis 10 ans, c’est un gars qui m’a toujours un peu fasciné parce qu’il a une forme d’exubérance, d’aisance, un côté magnétique. C’est un type qui interroge et qui nous pousse à le faire sur notre propre façon d’être au monde, parce qu’il a beaucoup d’assurance et qu’il met nous pousse aussi, face à ses propres difficultés, à mieux interagir avec les autres. J’ai appris qu’il était bipolaire cinq ans après notre rencontre. Je ne connaissais pas grand-chose à la maladie et ce n’est pas de là qu’est née l’envie de creuser sur le personnage. Il a fait une chute très grave, il est tombé d’un balcon à six mètres de haut, il a failli mourir et c’est là que j’ai pris conscience de l’aspect romanesque de son histoire. Et c’est quand, plus tard encore, il a décidé de faire un tour du monde à pied, là ça a été la couche narrative supplémentaire et je me suis dit « Il y avait vraiment pour raconter une histoire. »
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Ce livre n’a pas changé ma vision de la bipolarité, ça m’en a donné une.
Louis Vendel, auteur de Solal ou la chute des corps.
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DE QUELLES MANIÈRES DÉFINIRIEZ-VOUS LES PHASES QUI CARACTÉRISENT LA BIPOLARITÉ À TRAVERS CE QUE VOUS CONNAISSEZ DE SOLAL ?
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Ce qui caractérise la bipolarité en général, c’est cette fluctuation entre des phases hautes qui sont des phases d’excitation, presque d’euphorie, et des phases basses qui sont assez proches de phases dépressives caractéristiques, durant lesquelles on a moins d’énergie, par exemple. Après, il y a des intensités différentes ; il y a bipolaire de type 1 & 2. Bipolaire de type 1 c’est plus marqué, plus intense et le type 2 est plus atténué. Solal est bipolaire de type 2, mais il a néanmoins des phases qui sont impressionnantes, notamment durant les phases hautes. Il a beaucoup d’interactions avec les gens, beaucoup d’énergie. Il a une activité sexuelle plus importante, il drague à mort et surtout il boit beaucoup, il fait beaucoup plus la fête. À l’inverse d’une phase basse, il n’a pas forcément de tristesse mais il a moins d’énergie, moins de goût pour les choses, il reste un peu terré chez lui. J’ai étudié la bipolarité par le prisme de Solal donc ce n’est pas une étude générale sur l’ensemble des bipolaires, mais je crois quand même qu’il y a vraiment un aspect universel dans ces fluctuations-là et des traits communs à toutes les personnes bipolaires.
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COMMENT L’ENTOURAGE DE SOLAL A RÉAGI LORSQUE VOUS LEUR AVEZ ANNONCÉ VOULOIR ÉCRIRE UN LIVRE SUR SON PARCOURS ?
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C’est une famille qui est très à l’aise avec le fait de raconter son histoire, y compris les épisodes assez durs. Dès lors que Solal était d’accord pour que j’écrive ce livre, à aucun moment ils n’ont manifesté de réserve. Il en a parlé à sa famille qui a tout de suite été d’accord pour conduire les interviews. Ils se sont livrés sans filtres, ainsi que Solal et je pense que c’est un trait de caractère assez spécifique à cette famille-là. J’ai eu des retours justement de certain·es lecteur·ices qui m’ont dit « Mais c’est tellement intime ce qu’on dit d’eux dans le livre, je n’aurais jamais accepté qu’on fasse un reportage sur mes enfants, sur mes frères et sœurs, etc. ». Donc oui, c’est une famille particulièrement à l’aise avec le fait de raconter sa vie.
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VOUS AVEZ D’AILLEURS CONSULTÉ DES PSYCHIATRES POUR L’ÉCRITURE DE CE LIVRE : EST-CE QUE CELA A CHANGÉ VOTRE VISION DE LA BIPOLARITÉ ?
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Ce livre n’a pas changé ma vision de la bipolarité, ça m’en a donné une. Même si je connais d’autres personnes bipolaires dans mon entourage, avant d’écrire ce roman, je ne connaissais rien à ce sujet. Mais c’est avec le récit de Solal, sa chute, son tour du monde à pied, que je me suis dit « Peut-être qu’il y a quelque chose à raconter sur ça ». Ensuite, j’ai réalisé que sa maladie psychiatrique touchait énormément de gens, environ 1 à 2 millions en France. Sans cette expérience de chute et de voyage, je n’aurais pas vu le potentiel narratif autour de cette maladie qui mérite d’être racontée. Mais pour ça, il faut avoir un bon sujet, une bonne histoire et là, il y avait vraiment toutes les composantes qui font que nous nous attachons à ce personnage et que l’on est entraîné par son récit. Il se passe des choses.
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VOUS ÉCRIVEZ « SA PROPRE TRISTESSE LE REND TRISTE » : QU’EST-CE QUE CETTE TRISTESSE A DÉCLENCHÉ CHEZ VOUS ?
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À l’hôpital, après sa chute, un moment précis demeure particulièrement poignant. Isolé du monde, sa famille ne peut pas le rejoindre immédiatement. Son corps, entouré de bandages et de plâtres, témoigne des séquelles de son accident : bras et jambes brisés, mâchoire endommagée, dents cassées. Et il y a ce moment très spécifique où, pour nettoyer la toilette de la personne étant dans la même chambre que lui, le personnel médical lui demande d’aller s’enfermer seul dans les WC de cette même chambre, ce qui représente un moment très dur où il craque et il se met en pleurs. C’est cette scène particulière qui résonne le plus. La compassion qu’il éprouve pour lui-même est évidente. Cette phrase résume à mes yeux cette expérience bouleversante : il est triste parce qu’il se voit lui-même assis sur ces toilettes et il se sent con.
Globalement, la construction du livre consiste en ma sollicitation à Solal pour plonger dans ses souvenirs et récupérer un maximum de matière première. Cependant, j’ai dû interpréter un minimum ce qu’il se passait dans sa tête. Parfois, nous remontions tellement loin que les souvenirs étaient flous. Un exemple notable est le passage de la chambre d’hôpital, où il m’a décrit brièvement sa solitude et sa difficulté, et là, c’est mon rôle de me projeter, d’essayer de me mettre à sa place.
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L’écriture du livre m’a poussé à m’interroger en profondeur sur ma propre façon de traverser la vie, avec ses hauts et ses bas.
Louis Vendel, auteur du livre Solal ou la chute des corps.
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EST-CE QU’À TRAVERS LE LIVRE, VOUS AVEZ EU ENVIE D’APPORTER UNE PIERRE À L’ÉDIFICE AUX RÉCITS COLLECTIFS DES PERSONNES SOUFFRANT DE TROUBLES PSYCHIQUES ?
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Je ne dirais pas que je me suis fixé une quelconque mission de ce type, mais j’avais en effet conscience que cela pourrait intéresser les personnes souffrant de troubles bipolaires ou celles qui ont dans leur entourage proche des personnes bipolaires ou des troubles psychiatriques de manière générale. Comme c’est un langage littéraire, cela permet d’aller assez loin dans la description de ses états d’âme et de leurs répercussions sur les autres. Je pensais que cela pourrait offrir une nouvelle perspective aux parents ayant des enfants bipolaires, des frères et sœurs, etc. Cette intuition s’est confirmée lorsque j’ai échangé avec les lecteur·ices. Donc, sans partir de cet objectif de créer un récit collectif, j’avais néanmoins cette intuition, et maintenant, je dirais que, plus modestement, c’est un livre qui peut aider à mieux comprendre ce que vivent les personnes concernées de près ou de loin par le sujet. Je n’ai pas été lu exclusivement par des gens bipolaires ou qui connaissent des gens bipolaires. Malgré tout, je me suis rendu compte qu’en fait, nous avons tous·tes plus de gens autour de nous touchés par des troubles que ce que l’on pense, et nous le réalisons notamment lorsque nous sommes confronté·es à un objet tel que ce livre. Ça nous rappelle des gens que l’on a croisés ou des proches à nous, et je crois que parmi les lecteur·ices du livre, tout le monde a pu avoir cette impression. Et surtout, cela peut concerner chacun·e d’entre nous : des femmes, des hommes, des retraités, des étudiant·es…
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EST-CE QUE VOTRE SANTÉ MENTALE A ÉTÉ IMPACTÉE LORS DU PROCESSUS D’ÉCRITURE DE CE ROMAN ?
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Ma vision de la santé mentale oui, pas ma santé mentale en tant que telle. L’écriture du livre m’a poussé à m’interroger en profondeur sur ma propre façon de traverser la vie, avec ses hauts et ses bas. Quand je regarde autour de moi, mes ami·es et leur manière d’être, je remarque que j’ai une façon intense de vivre, ce qui me rapproche un peu de Solal. Je me retrouve à fond dans les sensations qu’il ressent, tant dans ses phases hautes que basses, je sens que mon intensité est vraiment très proche de la sienne. Et comme tout est une question de degrés et d’intensité, il est évident que tout le monde a des hauts et des bas, mais tout le monde n’a pas ces hauts et ces bas spécifiques qui se rapprochent de ceux de Solal. Me concernant, je n’ai pas tellement de doutes sur le fait que je ne suis pas au même stade que Solal, mais cela m’a complètement amené à me poser des questions et à interroger ces hauts et ses bas, voire même à remarquer des signaux d’alerte quand je me rends compte que je traverse une phase d’euphorie, des questionnements quand, au contraire, je suis plus dans une phase d’apathie. Et ça, c’est complètement né avec le livre, parce qu’avant, je ne les interrogeais pas tellement.
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QUELS ENSEIGNEMENTS SUR LA SANTÉ MENTALE AVEZ-VOUS TIRÉS DE CE LIVRE ?
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Je pense que c’est extrêmement important que la santé mentale devienne un sujet de société, dont nous devons parler encore davantage dans l’espace médiatique. Selon moi, c’est totalement légitime à tous les âges de consulter quelqu’un, pourtant ce n’est pas une évidence pour tout le monde car il y a des milieux sociaux ou des générations pour qui cela peut représenter la manifestation d’une faiblesse, quelque chose à éviter… Ce que cela m’a appris, c’est que tout le monde a le droit de se sentir mal et que c’est important d’écouter ces signaux-là et d’essayer de les traiter. De manière très personnelle et subjective, ce qui m’aide de temps à autre, c’est de me dire simplement que « C’est la vie » et qu’il faut échapper à ce nombrilisme, de ne pas surinterpréter ce qui nous arrive. Échapper à une forme d’égocentrisme pour s’intéresser d’abord aux autres. Et aussi, écouter Henri Salvador qui a écrit une chanson qui m’aide à aller mieux, qui s’appelle « Une bonne paire de claques ». Ce qu’il dit, c’est que quand nous avons perdu un peu le goût de toute chose, il reste une solution, c’est une paire de claques. Et parfois, et je dis cela en appui de ce que j’ai dit au début, c’est que je pense qu’il faut interroger sa santé mentale, s’en occuper mais par moments, il faut aussi pouvoir souffler.
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SI VOUS DEVIEZ DONNER UNE DÉFINITION DE LA SANTÉ MENTALE, LAQUELLE SERAIT-CE ?
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C’est peut-être froid comme définition, mais moi, quand je pense à la santé mentale, je pense à une forme d’équilibre qui permet de rester fonctionnel et de ne pas se mettre en danger.
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Ce coup de coeur a été recommandé par une personne du public lors du talk.
Après une introspection, Lou découvre sa cyclothymie, semblable aux troubles bipolaires. Avec un renard sauvage dans son esprit, elle explore ses stratégies dans « Goupil ou face », un livre publié par Vraoum, mêlant humour et expérience personnelle de l’auteur·ice.
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LE 17 MAI, MŪSAE FÊTE SES 3 ANS AU PAVILLON DES CANAUX !
L’occasion pour nous de rappeler les engagements auxquels prend part mūsae, à vos côtés.
Au programme : ateliers d’écriture, de prise de parole avec @racontetastory et DJ set by @sloy_p.
Pour participer, c’est gratuit, il suffit de vous inscrire ici.
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