Alors que faisons-nous ? À l’échelle individuelle, bien sûr, nous pourrions faire en sorte de lister tout un tas de ressources pour que les femmes gèrent mieux leur stress et leur anxiété. Mais ceci reviendrait à formuler une énième injonction à leur encontre que le développement personnel a déjà bien réussi à faire. Et si l’on inversait la tendance et qu’on ne demandait pas aux victimes de trouver la solution toute seule ? En matière de santé mentale et de droits des femmes, la réponse ne peut être que collective et politique.
Ça serait déjà bien si la question du soin était mieux répartie entre les genres. Ce qui me convainc de la diminution des violences sexistes et sexuelles sur les femmes, c’est le jour où les hommes prendront en charge leur santé mentale. Comme le disait Soufiane Hennani dans notre newsletter, « la santé mentale n’est ni masculine, ni féminine, elle doit concerner tout le monde ». Car eux aussi ne sont pas en reste d’injonctions. Si tu es un vrai mec, tu ne dois pas pleurer, tu n’as pas le droit d’avouer ses faiblesses, tu ne peux pas demander de l’aide. C’est la charge mentale de la virilité. Elle est délétère pour tous les genres. Elle engendre de la violence intérieure pour les hommes et bien sûr, extérieure sur les femmes. Je sais cela peut être étrange d’évoquer cela la veille d’un 8 mars. D’après Soufianne Hennani toujours pour notre newsletter sur les masculinités, « La virilité induit des faux privilèges pour les hommes, celui d’être fort et puissant. Mais en réalité, un homme qui ne pleure pas, ça n’existe pas. Les hommes entretiennent ce mythe en se persuadant qu’ils sont capables de ne pas pleurer. Ils préfèrent se couper de leurs émotions au détriment de leur vulnérabilité et donc de leur humanisme, de leur empathie et de leur intelligence sociale. Les hommes qui n’expriment pas leurs émotions ou ont peur de les recevoir entretiennent des rapports toxiques avec leur partenaire, leur famille et le monde.” |