11 mars 2024

Santé mentale et worry gap

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Demain, c’est la Journée Mondiale des DROITS des femmes. Bien sûr, pour nous, le combat dépasse le 8 mars. Chez mūsae, on le fait au quotidien en rappelant que se battre pour une meilleure reconnaissance de la santé mentale des femmes devrait faire partie de leurs droits fondamentaux. La sécurité psychologique permettrait aux femmes d’avoir les mêmes opportunités que les hommes et d’exprimer pleinement leur potentiel, leur créativité, leur voix.

 Aujourd’hui, j’ai envie de mettre l’accent sur la sphère professionnelle car on sait que l’indépendance psychologique des femmes tient (beaucoup) à leur indépendance financière. Nous sommes plusieurs à mettre ce point en avant. La newsletter Les Glorieuses datée du 6 mars ou encore Emilie Freidli, coach en business pour les femmes le dit aussi : “ça ne paie pas toujours très bien quand on est une femme d’entreprendre et ça les fragilise.

L’accès à l’indépendance financière est clé pour garantir l’indépendance tout court des femmes. Malheureusement, l’égalité des genres sur le sujet est loin d’être de mise. Depuis peu, on voit naître le concept de « worry gap ». Rien de bien neuf sur fond mais il permet de mesurer concrètement l’écart d’inquiétude entre les hommes et les femmes dans la sphère professionnelle. Et tout ce qui se mesure se déjoue plus efficacement. Quelle influence le « worry gap » a-t-il sur les femmes ? Comment le combler ? C’est le sujet de la newsletter aujourd’hui. Ah oui et à la fin j’ai un petit mot pour vous. Bonne lecture !

Demain, c’est la Journée Mondiale des DROITS des femmes. Bien sûr, pour nous, le combat dépasse le 8 mars. Chez mūsae, on le fait au quotidien en rappelant que se battre pour une meilleure reconnaissance de la santé mentale des femmes devrait faire partie de leurs droits fondamentaux. La sécurité psychologique permettrait aux femmes d’avoir les mêmes opportunités que les hommes et d’exprimer pleinement leur potentiel, leur créativité, leur voix.

 Aujourd’hui, j’ai envie de mettre l’accent sur la sphère professionnelle car on sait que l’indépendance psychologique des femmes tient (beaucoup) à leur indépendance financière. Nous sommes plusieurs à mettre ce point en avant. La newsletter Les Glorieuses datée du 6 mars ou encore Emilie Freidli, coach en business pour les femmes le dit aussi : “ça ne paie pas toujours très bien quand on est une femme d’entreprendre et ça les fragilise.

L’accès à l’indépendance financière est clé pour garantir l’indépendance tout court des femmes. Malheureusement, l’égalité des genres sur le sujet est loin d’être de mise. Depuis peu, on voit naître le concept de « worry gap ». Rien de bien neuf sur fond mais il permet de mesurer concrètement l’écart d’inquiétude entre les hommes et les femmes dans la sphère professionnelle. Et tout ce qui se mesure se déjoue plus efficacement. Quelle influence le « worry gap » a-t-il sur les femmes ? Comment le combler ? C’est le sujet de la newsletter aujourd’hui. Ah oui et à la fin j’ai un petit mot pour vous. Bonne lecture!

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DÉFINITION & CAUSES

Depuis le début de cette année, le concept de worry gap commence à fleurir dans la presse. Il nous vient d’une étude anglaise datée de 2016 et réalisée par des chercheur·se de l’université de Cambridge. Iels sont parvenu·es à la conclusion que les femmes étaient presque deux fois plus susceptibles de souffrir d’anxiété que les hommes dans le milieu professionnel. Pourquoi cela ?

44%
des femmes salariées se disent en moins en moins bonne santé psychologique (contre 32% chez les hommes), une situation qui s’est dégradée par rapport à 2022 (40%). 

 

 

L’ÉCART D’INQUIÉTUDE SE CREUSE 

En revanche, ce qu’on sait, c’est que les crises économiques ont un impact crucial chez les femmes. Elles affectent leur évolution professionnelle en augmentant cet écart d’inquiétude vis-à-vis des  hommes. C’était déjà le cas en 2007 lors de la crise économique particulièrement violente aux US.

Suite à la pandémie de COVID, en 2023, Santé Publique France tirait aussi la sonnette d’alarme en 2021 sur l’état psychique des jeunes femmes entre 18 et 24 ans. 26,5% des jeunes femmes ont connu un épisode dépressif caractérisé contre 15,2% pour les jeunes hommes. 

Les crises fragilisent la sécurité psychologique des femmes. Comme le disait Simone de Beauvoir, “il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

C’est pourquoi je me réjouis que l’IVG soit entré dans la Constitution ce lundi 4 mars, même si attention j’ai conscience que les conditions d’accès soin loin d’être les mêmes pour toutes.

 

LES FEMMES ONT LE MONOPOLE DU SOIN 

Le concept de charge mentale est la première pierre angulaire qui a permis de parler de santé mentale en France. Les sujets pionniers et grand public liés à ce sujet faisaient référence au travail invisible effectué par les femmes en couple. Vous savez, celui qui consiste à organiser et planifier toutes les tâches de la maison : les courses, les activités extra-scolaires des enfants, les repas de la semaine, le soutien aux autres. 

Si le soin du foyer est l’apanage des femmes, le soin du collectif l’est également. 4,6 millions de personnes en France travaillent dans le secteur du care – occupant des métiers où l’on s’occupe d’autrui. Ce sont en majorité des femmes, et ce sont souvent des travailleuses peu reconnues par la société. Et pourtant, elles sont en première ligne à l’hôpital, dans les EHPAD, dans le secteur médico-social de manière générale. Les femmes ont le monopole du soin.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière d’être au monde. Tout est affaire d’équilibre et de valorisation sociale. 

Christelle Tissot

LA ZONE DE MAÎTRISE

Le” worry gap” joue également en défaveur des femmes dans la manière qu’elles ont d’être au monde.
La « zone de maîtrise” (ou le “locus of control”) est un concept imaginé par le psychologue américain Julian Rotter, né en 1954. C’est le degré selon lequel un individu croit pouvoir influencer et maîtriser le cours de sa vie. Ce concept réfère à la croyance d’une personne sur ce qui détermine sa réussite dans une activité donnée. Il y a deux manières d’envisager ce qui vous arrive dans la vie. Certaines personnes vont considérer que les événements qui les affectent sont le résultat de leurs propres actions. Leur zone de maîtrise est davantage interne. Lorsque les événements de la vie sont à leur avantage, c’est car elles ont bien travaillé mais lorsqu’elles sont négatives, tout est de leur faute. Tandis que les personnes qui ont une zone de maîtrise externe donnent beaucoup plus de crédit à des facteurs externes comme par exemple la chance, le hasard, les autres, les institutions ou l’État.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière d’être au monde. Tout est affaire d’équilibre et de valorisation sociale. Il semblerait que les femmes ont davantage tendance à internaliser les problèmes, à les prévenir et à trouver des solutions pour les autres. C’est ce que Laetitia Vitaud appelle la position de “problem preventer” dans son article dédié au « worry gap« . Les femmes créent les conditions pour que les espaces de vie et de travail soient “safe”. Sauf que dans un monde du résultat tangible et de la rentabilité immédiate, les postures préventives sont moins appréciées car on n’en voit pas les résultats tout de suite.

Tandis que les hommes endossent davantage le rôle du « problem solver. » Autrement dit, libérés de la charge mentale du care, ils se positionnent plus rapidement, entreprennent plus facilement et se mettent davantage en avant. Vous savez ça, c’est aussi lié à ce fameux syndrome de l’imposteur·ice.

Bien souvent on se rend compte que le « worry gap » ne permet pas aux femmes de s’épanouir et de progresser de la même manière que les hommes. Cela crée une asymétrie financière mais également psychologique. Comme je vous le disais en introduction, ce qui selon moi garantit en grande partie la santé mentale des femmes est leur indépendance financière. À cet égard, le worry gap est un bon indicateur pour prendre la mesure de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.

 

RESSOURCES

Alors que faisons-nous ? À l’échelle individuelle, bien sûr, nous pourrions faire en sorte de lister tout un tas de ressources pour que les femmes gèrent mieux leur stress et leur anxiété. Mais ceci reviendrait à formuler une énième injonction à leur encontre que le développement personnel a déjà bien réussi à faire. Et si l’on inversait la tendance et qu’on ne demandait pas aux victimes de trouver la solution toute seule ? En matière de santé mentale et de droits des femmes, la réponse ne peut être que collective et politique.

Ça serait déjà bien si la question du soin était mieux répartie entre les genres. Ce qui me convainc de la diminution des violences sexistes et sexuelles sur les femmes, c’est le jour où les hommes prendront en charge leur santé mentale. Comme le disait Soufiane Hennani dans notre newsletter, « la santé mentale n’est ni masculine, ni féminine, elle doit concerner tout le monde ». Car eux aussi ne sont pas en reste d’injonctions. Si tu es un vrai mec, tu ne dois pas pleurer, tu n’as pas le droit d’avouer ses faiblesses, tu ne peux pas demander de l’aide. C’est la charge mentale de la virilité. Elle est délétère pour tous les genres. Elle engendre de la violence intérieure pour les hommes et bien sûr, extérieure sur les femmes. Je sais cela peut être étrange d’évoquer cela la veille d’un 8 mars. D’après Soufianne Hennani toujours pour notre newsletter sur les masculinités, « La virilité induit des faux privilèges pour les hommes, celui d’être fort et puissant. Mais en réalité, un homme qui ne pleure pas, ça n’existe pas. Les hommes entretiennent ce mythe en se persuadant qu’ils sont capables de ne pas pleurer. Ils préfèrent se couper de leurs émotions au détriment de leur vulnérabilité et donc de leur humanisme, de leur empathie et de leur intelligence sociale. Les hommes qui n’expriment pas leurs émotions ou ont peur de les recevoir entretiennent des rapports toxiques avec leur partenaire, leur famille et le monde.” 

 

 

 

 

Au sein de l’entrepriseje vous invite à :

  • Faire attention à l’autre. Car les signes d’anxiété et d’épuisement au travail peuvent se détecter si on apprend à se familiariser avec. Pour cela, la BD Les rescapés du Burn’out est un bon outil.
  • Proposer une ligne d’écoute pour avoir accès à des consultations avec des professionnel·les de santé mentale soit mise en place, comme ici aux US.
  • Travailler avec l’association Les Burn’ettes pour créer un environnement de travail apaisé pour votre santé mentale en tant que femmes. Elle propose des ateliers, des conférences, des séminaires pour sensibiliser les salarié·es aux violences professionnelles faites aux femmes.
Le livre « Welcome to the Jungle » de Laetitia Vitaud et Jérémy Clédat explore comment les entreprises innovantes repensent le management en adoptant des mesures telles que la semaine de quatre jours, l’allongement du congé paternité et le recrutement de profils atypiques. Ce livre propose 100 idées inspirantes pour aider les managers à faire face aux défis actuels en matière de gestion des ressources humaines et du travail en constante évolution.
Le podcast Cheminement : On a enregistré un épisode sur la charge mentale des maladies chroniques chez les femmes avec Charline Gayault, sage-femme, journaliste, influenceuse et Marie-Rose Galès, militante engagée dans la lutte pour une meilleure prise en charge de l’endométriose et animatrice du podcast « Endométriose Mon Amour »‍,.

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