Bien souvent on se cantonne à son côté spectaculaire sans chercher à creuser de quoi il en retourne. Parfois cela peut être parce que nous n’avons pas le temps de nous intéresser au fond du sujet. Et aussi car dans un monde devenu de plus en plus bruyant,
la santé mentale n’échappe pas au piège du clic.
De plus, nous n’avons pas toujours les bons mots. Nous ne sommes pas tou·te·s formé·e·s pour faire la différence entre un trouble anxieux généralisé, un syndrome dépressif ou une addiction. Encore méconnue, nous avons tendance à esthétiser la souffrance mentale. La dépression devient trendy et les troubles anxieux seront bientôt considérés comme le must have des “petites excentricités” qui font la différence.
Loin de moi l’idée qu’il ne faut pas parler des troubles psychiques. Nous sommes de plus en plus nombreux·ses à avoir voix au chapitre sur ce sujet et je reste bien sûr convaincue que la libération de la parole est un passage obligé. En revanche, comme dans tout mouvement citoyen, elle doit aller de pair avec l’écoute. Car libérer sa parole dans le vent restera vain et nous continuerons à véhiculer les mêmes clichés qui ont habité la santé mentale pour en faire un sujet tabou.

J’aimerais profiter de la Semaine d’Information sur la Santé Mentale en France pour que nous puissions collectivement faire évoluer la perception des troubles psychiques. Bien sûr, je m’adresse en premier lieu aux médias, aux personnalités et à tou·te·s les producteurs·ices de l’imagerie collective mais ça concerne tout le monde en réalité.
Il est temps de normaliser la santé mentale pour que parler de ses peurs, troubles ou de son anxiété soit aussi naturel que parler d’un mal de ventre. Tendons l’oreille. Apprenons à mettre des mots sur les maux. Éduquons pour rendre la santé mentale accessible à tou·te·s et informer à sa juste valeur en :
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Nous formant sur le sujet pour employer les bons termes et éviter de véhiculer les clichés comme certain·e·s ;
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Donnant davantage la parole à des professionnels de santé mentale mais aussi au grand public pour démultiplier les points de vue et rendre le sujet plus accessible ;
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Vérifiant ses sources pour faire la différence entre vrais et pseudo-diagnostics qui fleurissent notamment sur les réseaux sociaux ;
Pour quoi faire, me direz-vous ? Parce que comprendre et parler de la santé mentale à sa juste valeur permet d’éviter d’essentialiser les personnes au risque de définir nous-même la normalité et de sous-estimer la souffrance psychique.
Selon moi la santé mentale est un enjeu de santé publique majeur qui doit être traité de la même manière que les enjeux de santé physique sans diabolisation ni glamourisation. Prendre soin de la santé mentale c’est tout sauf un geste individualiste et performatif, c’est tisser le lien social à nouveau. Les troubles psychiques font davantage souffrir les groupes de population en fragilité sociale : les personnes isolées, celles avec peu de revenus, les jeunes, les femmes et les minorités. Prendre soin de la santé mentale est un enjeu citoyen. Cet objectif fait partie du troisième Objectif de Développement Durable de l’ONU parmi les 17 Objectifs adoptés. C’est un enjeu social comme les autres, c’est-à-dire de la première urgence pour prendre soin du Vivant avec un grand V. Ne restons pas prostré·e·s face à la surenchère du clic ou du spectacle.
Le point clé à retenir
Dédramatisons et démocratisons ensemble la santé mentale pour en faire un droit pour tou·te·s.

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