13 octobre 2022

Tribune pour la Semaine d’Information sur la Santé Mentale

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Aujourd’hui, la newsletter prend des allures de tribune. À l’occasion du 30ème anniversaire de la Journée Mondiale de la Santé Mentale et de l’ouverture de la Semaine d’Information sur le sujet en France, il est important selon moi de ne pas tomber dans la “glamourisation” des troubles psychiques pour éviter la banalisation de la souffrance et le risque du mauvais diagnostic. Continuons de libérer la parole mais aussi formons-nous sur la santé mentale pour créer les conditions favorables à l’écoute.
Pour incarner ce coup de gueule et l’adoucir en musique, je me suis associée avec mes ami·e·s de 
Radio Nova pour vous proposer des contenus coups de coeur. Rendez-vous en fin de newsletter pour les découvrir ! Et aussi en octobre, je vous propose sur le compte Instagram de mūsae un témoignage vidéo par jour. Face caméra, des personnalités connues et moins connues prennent la parole et vous donnent des ressources.

 

Je regarde les témoignages

 

TRIBUNE

 

Le COVID-19 a mis un réel coup de projecteur sur la santé mentale. En France, comme ailleurs, la pandémie a été un catalyseur de mal-être. C’est un phénomène d’autant plus prégnant chez les 15/25 ans. En effet, 70 % des étudiant·e·s se considèrent en mal-être psychologique. Mais ce n’est pas tout.

Voir le tuto sur l’anxiété

 

36 % des étudiant·e·s ont des idées suicidaires. 

Étude LMDE-CSA, juillet 2022.

 

Certes, des progrès ont été faits : nous tendons de plus en plus le micro à des personnalités connues qui ont le courage de lever les tabous sur leur propre santé mentale. Toutefois, en dépit de cette évolution et de la prise de conscience brutale impulsée par le COVID-19, nous ne connaissons pas bien le sujet de la santé mentale. Bien souvent on se cantonne à son côté spectaculaire sans chercher à creuser de quoi il en retourne. Parfois cela peut être parce que nous n’avons pas le temps de nous intéresser au fond du sujet. Et aussi car dans un monde devenu de plus en plus bruyant, la santé mentale n’échappe pas au piège du clic.

De plus, nous n’avons pas toujours les bons mots. Nous ne sommes pas tou·te·s formé·e·s pour faire la différence entre un trouble anxieux généralisé, un syndrome dépressif ou une addiction. Encore méconnue, nous avons tendance à esthétiser la souffrance mentale. La dépression devient trendy et les troubles anxieux seront bientôt considérés comme le must have des “petites excentricités” qui font la différence. 

Loin de moi l’idée qu’il ne faut pas parler des troubles psychiques. Nous sommes de plus en plus nombreux·ses à avoir voix au chapitre sur ce sujet et je reste bien sûr convaincue que la libération de la parole est un passage obligé. En revanche, comme dans tout mouvement citoyen, elle doit aller de pair avec l’écoute. Car libérer sa parole dans le vent restera vain et nous continuerons à véhiculer les mêmes clichés qui ont habité la santé mentale pour en faire un sujet tabou.

 

 

J’aimerais profiter de la Semaine d’Information sur la Santé Mentale en France pour que nous puissions collectivement faire évoluer la perception des troubles psychiques. Bien sûr, je m’adresse en premier lieu aux médias, aux personnalités et à tou·te·s les producteurs·ices de l’imagerie collective mais ça concerne tout le monde en réalité.
Il est temps de normaliser la santé mentale pour que parler de ses peurs, troubles ou de son anxiété soit aussi naturel que parler d’un mal de ventre. Tendons l’oreille. Apprenons à mettre des mots sur les maux. Éduquons pour rendre la santé mentale accessible à tou·te·s et informer à sa juste valeur en :

  • Nous formant sur le sujet pour employer les bons termes et éviter de véhiculer les clichés comme certain·e·s ;

  • Donnant davantage la parole à des professionnels de santé mentale mais aussi au grand public pour démultiplier les points de vue et rendre le sujet plus accessible ;

  • Vérifiant ses sources pour faire la différence entre vrais et pseudo-diagnostics qui fleurissent notamment sur les réseaux sociaux ;

Pour quoi faire, me direz-vous ? Parce que comprendre et parler de la santé mentale à sa juste valeur permet d’éviter d’essentialiser les personnes au risque de définir nous-même la normalité et de sous-estimer la souffrance psychique.

Selon moi la santé mentale est un enjeu de santé publique majeur qui doit être traité de la même manière que les enjeux de santé physique sans diabolisation ni glamourisation. Prendre soin de la santé mentale c’est tout sauf un geste individualiste et performatif, c’est tisser le lien social à nouveau. Les troubles psychiques font davantage souffrir les groupes de population en fragilité sociale : les personnes isolées, celles avec peu de revenus, les jeunes, les femmes et les minorités. Prendre soin de la santé mentale est un enjeu citoyen. Cet objectif fait partie du troisième Objectif de Développement Durable de l’ONU parmi les 17 Objectifs adoptés. C’est un enjeu social comme les autres, c’est-à-dire de la première urgence pour prendre soin du Vivant avec un grand V. Ne restons pas prostré·e·s face à la surenchère du clic ou du spectacle.

Le point clé à retenir

Dédramatisons et démocratisons ensemble la santé mentale pour en faire un droit pour tou·te·s.

 

 

Pour cette newsletter, on s’est associé aussi à nos ami·e·s de Radio Nova pour proposer toujours plus de contenus culturels sur la santé mentale :
D’ailleurs, Nova fait aussi une newsletter dédiée à la santé mentale en partenariat avec mūsae.

 

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